L'aventure cyclecariste d'Henri Devaux et Robert Bourbeau durera jusqu'à la guerre de 14. Au début du conflit Bédélia, aidés, par le médecin militaire Michel, propose leur "brancard automobile" version sanitaire du modèle de livraison, dans laquelle le coffre à marchandise est remplacé par une civière. le rapport du service de santé précise "qu'un infirmier d'intelligence moyenne peut piloter cette voiturette sans inconvénient." Ce projet sera refusé, car "l'armée ne peut pas mobiliser un chauffeur, pour un seul blessé." Un projet d'auto-mitrailleuse Bédélia n'aura pas plus de succès. Bédélia ne survivra pas à la guerre. Robert Bourbeau est parti pour construire le cyclecar Jacquemont sans succes. Henri Devaux se désintéresse d'un engin qui atteint ses limites techniques : l'impossible transmission. La marque est revendue à Mathieu, un concessionnaire. "Modernisée" d'une carrosserie à deux places côte à côte, équipée d'une direction conventionnelle, la nouvelle Bédelia est toujours équipée de son infernale transmission. A côté des Amilcar, des Salmson, cette auto n'a plus aucune chance : on ne fait pas du neuf avec du vieux...

Mais il faut bien trouver une place à part à ces engins originaux, passerelles entre la moto et l'auto. La terminologie nous viendra d'Angleterre dans un article de "The Motor " à propos de Bédélia : "Not really a car, nor a motorcycle, the Bédélia is a cycle-car." Personne n'a jugé bon de traduire par auto-cycle, en français, et cyclecar en un seul mot est resté pour la postérité. Ainsi en 1913, sur le circuit d'amiens, l'Automobile Club de France organise le 1er Grand Prix de l'ACF des cyclecars remporté par Bourbeau. Mais la concurrence est rude, car on compte 26 cyclecars sur la ligne de départ, car le mouvement cyclecariste est maintenant lancé avec des concurrents comme Violet, GN, Sphinx...


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